UNE SEPARATION-La question humaine-

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Lorsque sa femme le quitte, Nader engage une aide-soignante pour s'occuper de son père malade. Il ignore alors que la jeune femme est enceinte et a accepté ce travail sans l'accord de son mari, un homme psychologiquement instable…

Ce film a tout raflé au dernier festival de Berlin au printemps dernier, et on peut comprendre l'unanimité critique dont il fait l'objet, tant il s'en dégage une histoire forte, émotionnellement parlant, une tragédie à l'échelle humaine, complexe à souhait, vibrante, servie par des comédiens tous impliqués et vrais, jamais manichéens, toujours à la frontière du bien et du mal, d'une justesse criante de vérité, si bien qu'on se met dans leur peau jusqu'à se demander: "qu'aurions nous fait à leur place?"Car tous ont sûrement une bonne raison d'agir ainsi, tentant d'allier liberté et morale personnelle, et les acteurs, des parents opposés à la jeune adolescente tout en douleur observatrice , en passant par l'aide-soignante, sont exceptionnels, à la fois d'une belle sobriété et d'une intense psychologie!
Et le réalisateur ne juge pas, laissant son libre-arbitre personnel au spectateur, lequel hésite continuellement sur le bon ou mauvais comportement des individus mêlés à cette histoire.
Car c'est un véritable engrenage relationnel et aussi judiciaire qui va s'ébranler à partir d'un faits divers au départ anodin, qui va se muer en accident malheureux, et qui sera d'ailleurs la seule vraie séparation -brutale au demeurant-  de l'histoire finalement, cette fausse couche vécue comme un coup de tonnerre par tous les protagonistes, qui va provoquer l'affrontement et l'effondrement de certains, le doute et la remise en cause d'autres, les mensonges ou vérités, à dire ou cacher, et ils vont tous voir leur propre histoire affronter celle des autres, comme dans un impitoyable scénario annoncé, sans pouvoir communiquer comme il le faudrait, à cause de leur éloignement social et religieux parfois.
Dans un style presque documentaire, au rythme épatant, car toujours captivant, toujours au plus près des corps et des visages, des personnages forts en émotion et en pudeur aussi , remplis d'humanité, et ce sont les femmes ici qui sont certainement les plus volontaires, moins fragiles aussi mais surtout plus combattives, à l'image d'une nouvelle société politique iranienne.
Pour évoquer Claude Sautet, c'est "une histoire simple" , un drame des "choses de la vie", d'une facture très classique et simplement lisible, mais intense et poignant, d'une tension dramatique constamment maintenue, évoquant l'ambiguité de l'âme humaine, avec aussi en filigrane tout le poids de la religion, de l'argent,  les rapports de classe, mais le tout magnifiquement car subtilement intégré à une vraie histoire humaine, sans chichis ni voyeurisme, avec le sens de la morale, le sens de l'honneur, et surtout celui de la famille, à travers cet affrontement dramatique de deux familles socialement différentes.
Une histoire plus universelle qu'il ne pourrait y paraitre au départ, qui a du mal à se mettre en route, une séparation sociale et humaine, politique et juridique, qui nous laisse sur le vrai drame humain final, cette jeune fille séparée de ses parents, qui doit choisir entre eux deux mais nous laisse sans vraie réponse.

MA NOTE: 15/20


Publié dans Vu en salle-DRAME-

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