SOMEWHERE-Lost in translation-

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Stephen Dorff et Elle Fanning. Pathé Distribution

Johnny Marco, acteur à la réputation sulfureuse vit à l'hôtel du Château Marmont à Los Angeles. Il va recevoir une visite inattendue : sa fille de 11 ans.

Difficile de parler de ce petit grand film malade de son sujet (à savoir comment évoquer l'ennui et la solitude sans provoquer l'ennui chez le spectateur), en effet on reste très mitigé à la sortie de la projection, car autant il nous reste en mémoire de belles scènes autant il nous reste aussi la platitude d'un scénario trop étiré, à l'image de ces plans fixes, bien évidemment insistants pour mieux faire sentir l'ennui et la solitude de cet homme blasé par le succès et dérouté par l'inconsistance de sa vie qui lui explose à la figure.
Aussi, à l'image de cette première scène, où l'on voit en plan fixe pendant deux longues minutes l'acteur effectuant les mêmes tours de piste au volant de sa Ferrari noire (qu'on retrouvera dans l'image de fin), image pourtant terriblement symbolique de l'humain enfermé dans sa tour d'ivoire, angoissé par son existence dérisoire,  ne pouvant en sortir pour véritablement s'affirmer, on tourne souvent en rond en parcourant cette chronique qui ne manque pourtant pas d'un certain charme.Car c'est surtout la pudeur et la délicatesse des sentiments qui se dégage du film, surtout avec cette relation père-fille souvent très juste, thème qui aurait mérité à lui seul un vrai scénario, tant il révèle des moments fugaces de grâce, comme la scène de la patinoire ou d'autres malheureusement noyés dans un récit trop minimaliste.Au contraire tout l'aspect critique du star-système hollywoodien est assez mal exploité et peu intéressant au demeurant
même si on sait que la réalisatrice Sofia Coppola a sans doute mis beaucoup de sa propre jeunesse dans cette histoire.
A trop vouloir filmer et surtout insister sur l'ennui de ce personnage paumé et isolé, coincé entre deux tournages, sans véritables repères sociaux, à force de ressentir cet ennui on en vient presque parfois à s'ennuyer nous mêmes, plus par manque de profondeur du récit que par esprit  de contemplation.
Dommage car il flotte parfois une douce mélancolie, presque aérienne, très élégante aussi mais souvent vaine et qui retombe vite par manque de véritable émotion et de force des sentiments.
Heureusement il y a une magnifique complicité entre les deux personnages auxquels on réussit à s'attacher malgré tout, avec deux beaux acteurs qui restent touchants tout en restant sobres: Stephen Dorff, acteur pas trop connu et donc idéal pour mieux s'identifier au personnage, a le physique et le look parfait pour ce rôle, avec presque pas de dialogues, il arrive à faire exister son personnage d'homme fatigué, désenchanté, mais aussi tristement lucide sur une vie gâchée, mais il va renaitre à la vie grâce à sa fille qui va un instant lui redonner un sens, remplir ce vide abyssal, elle est jouée par la petite (mais future grande actrice!) Elle Fanning  qui, en plus d'être jolie, est délicieuse de grâce, d'innocence mai aussi d'une belle maturité, au seuil de l'adolescence, l'actrice apportant beaucoup de charme au récit, d'une justesse épatante, elle 
est la vraie révélation de ce film, et toutes les scènes entre les deux sont douces et délicates, d'une belle sensibilité, car les deux ont besoin l'un de l'autre pour s'affirmer.
Un film un peu surévalué, aux bonnes intentions dans sa forme mais malheureusement trop mince dans son fonds, un exercice de style un peu décevant donc, malgré une belle atmosphère et surtout une relation père-fille qui finalement permet d'en ressortir un charme certes discret mais touchant.

MA NOTE: 12/20


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