SHUTTER ISLAND-Les nerfs à vif-

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Leonardo DiCaprio. Paramount Pictures France

En 1954, le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule sont envoyés enquêter sur l'île de Shutter Island, dans un hôpital psychiatrique où sont internés de dangereux criminels. L'une des patientes, Rachel Solando, a inexplicablement disparu. Comment la meurtrière a-t-elle pu sortir d'une cellule fermée de l'extérieur ? Le seul indice retrouvé dans la pièce est une feuille de papier sur laquelle on peut lire on peut lire une suite de chiffres et de lettres sans signification apparente. Oeuvre cohérente d'une malade, ou cryptogramme ?

Un nouveau Martin Scorsese évidemment c'est attendu avec fièvre et envie, de plus avec son acteur fétiche, l'adaptation d'un thriller à succès, tout était prêt pour nous emballer et il faut dire qu'on est pas déçu!
Vu l'histoire, c'est plus du Scorsese version "Les nerfs à vif" qui nous est proposée ici, çà commence avec une ambiance angoissante qui s'amplifie doucement, à partir du moment où l'on pénètre dans cet asile perdu sur une île lointaine.Mais il y a plus qu'une simple histoire policière à venir, même si celle-ci est brillamment orchestrée, et la tempête qui s'abat sur l'asile devient en même temps une tempête sous un crâne, celui du marshal, des visions le hantent, sa femme disparue, mais aussi celles terrifiantes de la guerre, avec la libération des camps et ces corps pris dans la glace, scènes teintées de poésie macabre!
Peu à peu on sent que le récit, de prime abord très classique, style années 50, bascule vers le psychologique, avec flashs-backs étranges, névrose progressive,  et le réalisateur nous brouille les pistes sans nous faire perdre le fil du récit, passionnant et savamment mis en scène, avec une maestria magnifique, plans superbement élaborés, éclairages inquiétants, musique là où il faut, interprétation au cordeau, on est pris par le malaise ressenti par le héros, oppressé comme lui.
Quelle est la frontière entre la réalité et l'irréel, qui est manipulé, le héros, voir le spectateur?
Le trouble s'installe...
Il y a aussi du suspense à la Hitchcock dans ce récit psychanalytique, jusqu'au retournement de situation, ce swift final superbement amené et assez inattendu il faut le dire qui fait de cette enquête crépusculaire plus le drame d'un homme pris dans une tragédie personnelle qu'un véritable thriller, même s'il en garde certains codes jouissifs.
Leonardo DiCaprio est, une nouvelle fois j'allais dire, exceptionnel dans l'interprétation de ce personnage complexe, rongé par la culpabilité d'un drame intime : d'une intensité dramatique, psychologique rares, il est énorme par son charisme et sa présence, immense par son jeu tout en intériorité, en douleur aussi, et l'évolution psychologique de son personnage est d'une force impressionnante, il porte le films sur ses épaules, quel talent!c'est tout de même incompréhensible que cet immense acteur, qui a toutes les qualités requises, charisme, physique, talent, n'ait pas encore obtenu l'Oscar!après "Les noces rebelles", un des meilleurs films de 2009, il vient de signer certainement l'un des meilleurs de 2010, quel talent!  et la réunion d'un des plus grands acteurs de sa génération avec un des plus grands metteurs en scène fait mouche une fois encore, deux génies au service du septième art!
A ses côtés, on retrouve entre autres Ben Kingsley, en médecin au calme inquiétant et énigmatique à souhait, sans oublier l'émouvante Michelle Williams, en fantôme de la femme disparue, ses apparitions dans l'esprit de son mari font l'objet de scènes superbes et douloureuses à la fois, comme celle où elle se consume en cendres dans les bras de celui-ci, d'une beauté et d'une mélancolie fascinantes et désespérées!
Enfin un vrai gros coup de coeur en ce début d'année, l'excellence de la mise en scène pour un film d'atmosphère, une histoire très sombre, qui nous délivre frissons, rebondissements, qui nous fait chavirer, nous déroute pour mieux nous faire bondir et rebondir, un mélange de genres savamment orchestré, un scénario en or, un récit à tiroirs et aussi à plusieurs lectures, et qui donne aussitôt envie d'une autre vision.
Du vrai, du bon cinéma, du grand art, à savourer!Déjà l'un des chefs-d'oeuvre de 2010!


MA NOTE: 18/20


Publié dans Vu en salle-THRILLER-

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G
Oui moi aussi j'avais eu la même réaction avec la vision de Gilbert Grape, il m'avait tellement impressionné que je le croyais vraiment aussi autiste, TITANIC a confirmé son talent, son charisme, et sa beauté lumineuse irradie l'écran, il a un vrai physique de cinéma, heureusement il a su prendre son temps pour s'entourer de réalisateurs comme Scorsese, et il se bonifie avec l'âge sans perdre de son charisme!Quel acteur!
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P
Oui oui oui.<br /> Martin et Leo sont grands !<br /> Leonardi DiCaprio est d'une rare intensité. Mais pour moi ce n'est pas une surprise. Je l'aime depuis "Gilbert Grape" où j'avais même cru qu'il était un véritable autiste.
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F
Coup de coeur pour moi aussi ! Magnifique !
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